Deuxième Dimanche du Temps Ordinaire C
Deuxième Dimanche du Temps Ordinaire
ANNÉE C
Première lecture : Isaïe 62,1–5
Psaume : Psaume 95(96),1–3, 7–10
Deuxième lecture : 1 Corinthiens 12,4–11
Évangile : Jean 2,1–11
PRIER
Psaume 95(96),1–3, 7–10
Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !
De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !
Rendez au Seigneur, familles des peuples,
rendez au Seigneur, la gloire et la puissance,
rendez au Seigneur la gloire de son nom.
Adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté.
Allez dire aux nations : Le Seigneur est roi !
Il gouverne les peuples avec droiture.
LIRE LA PAROLE
PREMIÈRE LECTURE
Isaïe 62,1–5
Pour la cause de Sion, je ne me tairai pas, et pour Jérusalem, je n’aurai de cesse que sa justice ne paraisse dans la clarté, et son salut comme une torche qui brûle. Et les nations verront ta justice ; tous les rois verront ta gloire. On te nommera d’un nom nouveau que la bouche du Seigneur dictera. Tu seras une couronne brillante dans la main du Seigneur, un diadème royal entre les doigts de ton Dieu. On ne te dira plus : « Délaissée ! » À ton pays, nul ne dira : « Désolation ! » Toi, tu seras appelée « Ma Préférence », cette terre se nommera « L’Épousée ». Car le Seigneur t’a préférée, et cette terre deviendra « L’Épousée ». Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu.
DEUXIÈME LECTURE
1 Corinthiens 12,4–11
Frères, les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. Les services sont variés, mais c’est le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous. À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien. À celui-ci est donnée, par l’Esprit, une parole de sagesse ; à un autre, une parole de connaissance, selon le même Esprit ; un autre reçoit, dans le même Esprit, un don de foi ; un autre encore, dans l’unique Esprit, des dons de guérison ; à un autre est donné d’opérer des miracles, à un autre de prophétiser, à un autre de discerner les inspirations ; à l’un, de parler diverses langues mystérieuses ; à l’autre, de les interpréter. Mais celui qui agit en tout cela, c’est l’unique et même Esprit : il distribue ses dons, comme il le veut, à chacun en particulier.
ÉVANGILE
Jean 2,1–11
En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres). Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. » Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.
ENTENDRE LA PAROLE
Le thème: « Le mariage divin »
La liturgie d’aujourd'hui nous engage pleinement dans le temps ordinaire. En suivant le récit de l’Évangile nous sommes guidés à travers les moments « ordinaires » du ministère de Jésus – son enseignement et ses miracle. Cependant, au-delà de ces événements se profile une réalité beaucoup plus profonde et plus fondamentale du dessein de Dieu pour faire du peuple son propre bien. Les lectures d’aujourd'hui décrivent ce dessein par une métaphore de mariage.
La première lecture est tirée de la troisième partie du livre d’Isaïe. C’était après 539 av. J.C., lorsque les Israélites ont été enfin autorisés à retourner de l’exil babylonien. C’était le moment tant attendu depuis plus de soixante-dix ans. Tout de même, plusieurs ont choisi de rester à Babylone, où ils avaient bâti une vie décente pour eux-mêmes. Ceux qui sont retournés se sont retrouvés dans une situation très difficile. Les voici au milieu des champs de cendres, sur une terre vide et déserte et remplie des tas de ruines. Tous les espoirs d’une restauration rapide de Jérusalem et du Temple à leur ancienne gloire ont été rapidement brisés. Le découragement, la déception et le doute se répandirent rapidement. Dieu accomplira-t-il ses promesses d’une restauration glorieuse proclamée auparavant par les prophètes ? La voix d’Isaïe s’éleva pendant ces jours sombres et sur les ruines d’une ville autrefois glorieuse. Avec une confiance inébranlable, il déclara la vengeance à venir et la restauration de la ville et du Temple à telle enseigne que toutes les nations et les rois pourront admirer sa splendeur.
Mais le prophète parle de beaucoup plus qu’une reconstruction physique des murs et des structures. Il parle de Dieu qui donne à la ville, symbolisée ici par le peuple, « un nouveau nom », qui proviendra de « la bouche du Seigneur ». En termes bibliques, un changement de nom signifie un changement de statut, d’identité et de la vie de mission. Le prophète entend signifier que ceux qui revenaient de l’exil, malgré leur situation actuelle, seront radicalement transformés. Ainsi, leur état de « délaissée » et de « désolation » remplacé par « ma préférence » et « mon épouse ». Dieu planifie de renverser la situation de désolation et d’abandon en une union joyeuse entre lui et la nation. Le prophète applique l’image de mariage à cette réalité. Dans l’Écriture, comme on le voit dans le livre du prophète Osée, souvent le mariage décrit symboliquement le lien d’amour et d’engagement entre Dieu et son peuple. Ce « mariage » entre le Seigneur et Israël créera une union indestructible dans laquelle Dieu lui-même sera heureux.
La deuxième lecture comprend la section d’ouverture de la longue explication de Paul sur la nature et l’utilisation de divers dons charismatiques dans la communauté de Corinthe. Les Corinthiens étaient très enclins à la dissension et à la concurrence. Ils aimaient faire des distinctions entre eux et faire la concurrence pour le statut le plus élevé dans la communauté en se vantant des dons dont ils disposaient. Paul énumère ces dons tels que le don de la sagesse, de la connaissance, de la foi, de guérison, de faire de miracles, de prophétie, du discernement, de parler en langues et le don de l’interprétation des langues. Cette liste montre justement comment la communauté corinthienne était remplie des dons variés. Cependant, les Corinthiens ont souvent utilisé ces dons d’une manière inappropriée pour l’autopromotion, et pour désigner lequel d'entre eux était le plus important. Paul commence à traiter le problème en fixant deux principes fondamentaux. Tout d’abord, tous les dons proviennent d’un même Dieu, à travers l’Esprit. Deuxièmement, tous ces dons servent un seul but – la construction de la communauté. Même si chaque personne peut avoir un don différent, son travail et son ministère est une expression du même Esprit travaillant à travers elle et dans le même but. Paul laisse entendre que les divisions et les arguments sur la priorité des dons sont finalement insensés et signe d’immaturité spirituelle. Mais un autre principe essentiel se cache derrière les paroles de Paul. La présence et le travail de l’Esprit parmi les Corinthiens constituent une preuve décisive qu’ils sont devenus enfants de Dieu par le biais de ce que Paul appelle « adoption ». Nous trouvons cela exprimé explicitement dans une autre de ses lettres, où il est dit, « vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père !» (Rm 8, 15). Ainsi, malgré leurs lacunes, les croyants partagent la vie divine du Père par l’Esprit-Saint. Ils sont des enfants adoptifs de Dieu. Ils sont la famille de Dieu.
La lecture de l’Évangile raconte un épisode bien connu de Jésus transformant l’eau en vin lors d’une fête de mariage à Cana. Jean appelle cet événement « un signe ». Les signes dévoilent une réalité en dehors d’eux-mêmes, ils sont destinés à informer et à instruire. Par conséquent, la transformation de l’eau en vin était bien plus qu’un acte de bonté de Jésus pour les jeunes mariée.
Ce signe a été donné dans le cadre d’un mariage, ce qui suggère que son sens sera axé sur le mariage. Car, comme nous l’avons vu dans la première lecture, le mariage a souvent une signification symbolique dans l’Écriture, l’histoire de Cana est le signe d’un nouveau lien que Jésus établira entre Dieu et son peuple. Deux points expliquent cela clairement.
Tout d’abord, Jésus transforme l’eau en vin à l’aide de grandes jarres qui servaient à l’origine pour les purifications des Juifs. La purification est un rite religieux juif qui impliquait un lavage rituel avec de l’eau, destiné à éliminer les impuretés de nature spirituelle et religieuse. Seule une personne pure pouvait se rapprocher du Dieu Saint. En utilisant ces objets du rituel, pour transformer l’eau en vin, Jésus a indiqué que les anciens rites de purification ne sont plus nécessaires. De même, l’intendant qui a goûté le vin nouveau l’a jugé mieux que l’ancien. Tout cela signifie que, par l’intermédiaire de Jésus, l’humanité trouve une nouvelle et meilleure façon d’entrer dans une bonne relation avec Dieu. Jésus rend possible les fiançailles de Dieu avec son peuple.
Deuxièmement, ce signe a conduit les disciples à croire en Jésus parce qu’ils ont interprété correctement ce qu’ils voyaient. Dans l’Ancien Testament, la provision du vin en abondance et qui coule à une grande fête céleste symbolise la restauration de la nation et de sa réunification à Dieu. C’était un signe de la joie éternelle des temps messianiques et un symbole de la création renouvelée (cf. Isaïe 25, 6 ; Joël 3,18 ; Amos 9,13-14). Les disciples croyaient que cette abondance de vin créée par Jésus lors d’une fête de mariage était un signe qu’il venait de Dieu comme le Messie qui va créer une nouvelle union entre Dieu et son peuple. Une union qui durera dans l’éternité.
Le symbolisme du mariage domine les lectures d’Isaïe et de l’Évangile. Le prophète anticipe en montrant que Dieu refera son lien avec son peuple en « se mariant » avec lui et en se plaisant en lui. Même n’utilisant pas le langage de mariage, Paul pense que les Corinthiens sont devenus membres de la famille de Dieu, ses enfants, comme en témoignent les divers dons de l’Esprit en eux. Dans le cadre d’un mariage ordinaire, Jésus se révèle comme le Messie de Dieu, dès le début de son ministère. Un des objectifs principaux de sa mission terrestre est d’amener le peuple au Père par lui-même. Jean Baptiste décrit Jésus comme « l’époux » (Jean 3,29), ce qui rend l’union entre Dieu et les croyants indissoluble. Ceux qui expérimentent cette nouvelle relation et cette union avec Dieu à travers Jésus, seront vraiment capables de répondre à l’appel du psalmiste : « racontez à tous les peuples sa gloire, à toutes les nations ses merveilles ».
ÉCOUTER LA PAROLE DE DIEU
Nous entrons dans le temps ordinaire de l’année liturgique, inspirés et motivés par l’image de mariage comme symbole de notre relation à Dieu. Nous pouvons comprendre la profondeur et l’importance de ce symbole encore mieux si l'on considère le mariage à partir du point de vue de la tradition africaine. Dans le monde moderne et aussi en Afrique d’aujourd'hui, le mariage est devenu principalement une union entre deux personnes, compris comme l’expression et le résultat de leur amour mutuel. Toutefois, dans la société traditionnelle africaine, le mariage était considéré comme une union entre familles élargies et même entre clans. Le mariage visait à créer des liens vitaux entre les familles. Différentes étapes de la procédure de mariage incluent les visites mutuelles, les repas, des négociations, des échanges de cadeaux et la dote de la mariée. Cette complexité reflète la prise de conscience d’une relation en voie de développement et qui implique des soins mutuels et la responsabilité pour le bien-être des deux familles. Ces unions axées sur la famille ont tendance à être beaucoup plus stables et plus durables que celles faites uniquement entre deux personnes. Cela peut nous apprendre beaucoup sur notre vie avec Dieu et au sein de nos communautés chrétiennes.
Tout d’abord, nous devons reconnaître, que notre relation avec Dieu, peu importe son caractère privé, doit inclure d’autres, elle doit être à base communautaire. Le Dieu d’Israël s’était engagé avec la nation, « en mariage » en tant que peuple. Le peuple répond ensuite à Dieu en vivant une vie selon sa loi en tant que nation. Aujourd'hui, beaucoup de gens sages reconnaissent que nous sommes sous une menace de l’individualisme et de son impact négatif. L’individualisme mine non seulement le mariage lui-même, mais aussi la nature même de la communauté chrétienne. Être chrétien aujourd'hui est souvent réduit à aller à l’église le dimanche et s’acquitter de certaines lois et rituels qui devraient nous rendre justes devant Dieu en tant qu’individus séparés. Cela n’a jamais été le cas dans l’Église primitive. Comme nous l’avons vu dans la deuxième lecture, Paul voyait l’Église comme une communauté de personnes qui partagent leurs dons et les mettent au service des autres.
En plus, ces membres ne devraient pas utiliser ces dons pour se faire connaître, mais pour promouvoir les autres. La même chose arrive dans le mariage, où les individus et les familles s’unissent pour constituer et enfanter une nouvelle vie. Ainsi, lorsque nous nous « marions » à notre Dieu en entrant dans une relation avec lui par Jésus, nous « épousons » aussi son peuple. Cela signifie que nous devons être membres actifs dans la communauté d’une manière particulière à chacun d'entre nous. Dans le cas contraire, notre relation à Dieu est incomplète.
En outre, dans l’Évangile d’aujourd'hui Jésus nous donne l’instruction merveilleuse sur la façon d’établir des relations basées sur le modèle de mariage. À Cana, il n’était pas censé de changer l’eau en vin. Mais, quand il l’a fait, il a été assuré que le peuple avait compris qu’il venait de Dieu avec une mission de les amener à Dieu. Maintes fois, nous nous trouvons dans une situation similaire. Quand nous nous trouvons entourés des étrangers, nous pensons que rien ne nous est demandé. Nous n’avons aucun sentiment d’obligation ou de responsabilité envers les étrangers. Mais, lorsque, en tant que chrétiens, nous commençons à nous regarder comme faisant partie de la famille de Dieu, cela change tout. Tout comme dans une relation de mariage, nous ressentons le besoin d’accomplir des actes de bonté immérités et non sollicités ou des faveurs envers ceux qui sont membres de notre famille. Cela, conduira à leur tour à reconnaître Dieu agissant à travers nous. Nous voir comme faisant partie de la famille chrétienne et ceux que Dieu a épousé va nous sortir de l’isolement et faire de nous des véritables membres de la famille de Dieu.
PROVERBE
« Même la moindre miette se trouve mariée au pain. »
AGIR
S’examiner :
Ma relation à Dieu influe-t-elle sur comment je vois et agis envers les autres ? Comment suis-je un membre de ma communauté ecclésiale ? De quelle manière ?
Répondre à Dieu :
Au cours de cette semaine je pense et prie Dieu comme mon ami intime ou même comme un conjoint. Comment pourrais-je mieux lui répondre dans ce genre de relation ?
Répondre à notre monde :
J’identifierai un don que Dieu m’a donné et je l’utiliserai au service de quelqu'un ou de ma communauté.
Dans notre groupe, nous partagerons sur nos expériences des relations, soit dans le mariage, soit dans l’amitié, ou simplement dans la proximité intime avec une personne. Que peuvent ces relations nous apprendre sur notre relation à Dieu ? Comment pouvons-nous nous rapporter à Dieu comme notre conjoint ?
PRIER
Seigneur Dieu, tu as choisi de t’allier à nous. Tu nous as choisis pour être ton peuple et tu as été notre Père et notre époux. Nous te remercions. Emporte notre isolement et notre égocentrisme afin que nous puissions nous allier à toi et à nos frères et sœurs avec engagement affectueux et constant. Amen.
Textes bibliques reproduits avec l’accord de l’AELF – www.aelf.org
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